L'ange Rose

J'ai écrit ce roman comme si j'étais en état d'urgence. Ce n'est pas une autobiographie il s'agit d'avantage d'un scanner mental. Un parcours contre lequel j'ai buté. Je me suis écorchée au premier sang de l'amour et j'ai trouvé au lieu de m'évader de ce que je croyais une cage encore une fois l'amour. C'est donc étrangement à travers une chute et ses méandres un grand roman d'amour sur l'amour. J'ai écrit ce texte à la première personne et j'y entre ainsi toute vive à la manière dont un acteur entre en scène. Après vingt trois ans de vie commune une étrange solitude m'inhibait. Si j'ai heurté au butoir d'une porte livrant à la passante que j'étais devenue un lieu sale et louche accessible à coups de carte bleue c'est d'avoir touché le fond d'un malaise si blanc qu'il ressemblait à une forme de mort. Je quêtais l'amnésie une part révoltée de moi reniait un quotidien où j'étouffais. Moi Sylvine Terrien épouse du général Norbert Hournerie pilote de chasse de onze ans mon aîné je n'en revenais pas de (croire) ne plus aimer cet amant ce mari dont j'avais été passionnément éprise - longtemps. J'avais vingt cinq ans et j'étais professeur d'histoire en terminale au lycée d'Orléans quand à ma demande à l'Ecole militaire il vint présenter un exposé sur les armes anciennes. Mes quelques amourettes me parurent bien pâles comparées à ce bel homme frôlant la quarantaine bâti en force et souplesse l'oeil bleu acier la mèche blonde qui blanchirait vite le sourire lent économe l'ironie finement cruelle. Il tenait toute la place dans cette classe où déjà je n'écoutais plus ses mots